La série photographique “Bwa d’ébène” est un projet artistique qui questionne la perception de l’homme noir dans l’imaginaire occidental à l’origine des stéréotypes sur les populations afro descendantes.
Du soi disant rythme dans la peau, à sa musculature saillante en passant par son sexe surdimensionné, gage de virilité, l’homme noir a été et reste souvent assimilé exclusivement à un corps. La femme noire n’est pas en reste. Elle suscite souvent à son insu des fantasmes exotiques et érotiques auquel renvoient ses cheveux crépus et sa teinte de couleur de peau. Il suffit de voir les images relayées par les médias à travers notamment la publicité et le cinéma, pour s’en rendre compte.
Ces fables autour du corps noir ne sont pourtant pas le fruit du hasard et ne datent pas d’aujourd’hui. A l’origine de tous ces stéréotypes demeure, un seul et même facteur: le regard occidental ethnocentré ancré dans l’inconscient collectif. Exploité, animalisé, raillé, fantasmé et fétichisé, le corps noir a été au fil du temps objet de fascination et de répulsion pour les sociétés occidentales. Présents depuis le 17ème siècle, ces stéréotypes se sont notamment renforcées par la profusion d’images publiques dégradantes, via l’essor de la photographie à la fin du 19eme siècle. D’abord ethnographique pour justifier le colonialisme, puis pornographique, la photo a été le principal vecteur, responsable de l’essentialisation du corps noir dans l’imaginaire occidental.
A travers cette série photographique, j’ai voulu proposer une nouvelle narration photographique jusqu’à présent marginalisée: celles des populations noires elle même. Il s’agit de mettre en lumière les états d’âme d’un peuple de manière intime, afin de réaffirmer une humanité qui leur a été niée.